Et si on parlait de
COMMUNAUTE D'AGGLOMERATION
I. Dans une communauté d'agglomération ou une communauté de communes, « les communes s'associent au sein d'un espace de solidarité, en vue d'élaborer et conduire ensemble un projet commun de développement urbain et d'aménagement de leur territoire » (Loi du 12 juillet 1999 relative au renforcement et à la simplification de la coopération intercommunale)
II. La communauté d'agglomération doit regrouper des communes formant un ensemble de plus de 50 000 habitants, d'un seul tenant et sans enclave, autour d'une ou plusieurs communes de plus de 15 000 habitants.
III. La communauté d'agglomération est obligatoirement compétente à la place des communes en matière
- de développement économique : Zones d'activité d'intérêt communautaire
- de Schéma de cohérence territorial, Zones d'Aménagement Concerté (ZAC) d'intérêt communautaire, Organisation des transports urbains
- d'équilibre social de l'habitat sur l'ensemble du territoire communautaire
- de dispositifs de développement local et d'insertion économique d'intérêt communautaire et de prévention de la délinquance
IV. La communauté d'agglomération doit aussi exercer à la place des communes trois des cinq compétences suivantes
-
Création,
aménagement, entretien de la voirie d'intérêt communautaire
-
Gestion
de l'assainissement
-
Gestion
de l'eau
-
Protection
et mise en valeur de l'environnement, gestion des déchets
-
Construction,
aménagement, entretien et gestion d'équipements culturels et sportifs
d'intérêt communautaire
V. L'intérêt communautaire est déterminé par le conseil de communauté à la majorité des deux tiers
VI. Au 1° janvier 2000, la loi prévoit le versement d'une dotation de 250 F par habitant dans les communautés d'agglomération et d'un minimum de 175 F par habitant dans les communautés de communes. La différence est donc au plus de 75 F par habitant.
Sur la base de ce qui précède,
comment ne pas se poser les questions suivantes :
01.
Quel
est donc cet espace de solidarité qui pourrait voir le jour
-
entre
le Montbrisonnais attaché sans doute à juste titre à son statut, à son
tribunal, à son hôpital, à son commissariat et à tous les attributs d'une sous-préfecture, de tous
temps tourné vers son arrière pays, ayant consenti des investissements très
importants pour développer ses propres zones d'activité, usant de tous les
stratagèmes pour paralyser le développement de la Zone de La Plaine,
-
et
le sud de la plaine du Forez, moteur du développement économique local et
secteur le plus dynamique sur le plan démographique ?
02.
Quel
est donc ce territoire « d'un seul tenant et sans enclave » qui
va réunir deux secteurs urbanisés séparés par un « quasi-vide » de près de 10
km entre Sury et Montbrison ?
03.
Comment
imaginer un « projet commun de développement urbain » entre au
moins trois communes qui rivalisent pour le leadership d'une telle communauté
d'agglomération ? et n'est-ce pas plutôt le rôle d'un SCOT (Schéma de Cohérence
Territoriale) que de définir le cadre dans lequel ces trois communes, ainsi que
les autres bien sûr, doivent préparer leur avenir? Les principaux élus locaux
se sont-ils prononcés sur leur vision politique du devenir du territoire
concerné ?
04.
Que peuvent avoir à gagner les communautés de communes de Saint-Galmier et de
Forez-sud, qui disposent à la fois du potentiel économique, des ressources
fiscales, de la très grande majorité des terrains stratégiques pour le
développement économique, en adhérant à une telle communauté d'agglomération ?
05.
Pourquoi
les communes de la communauté de Saint-Galmier, et à un degré moindre celles de
la
communauté de Forez-sud, devraient-elles supporter une augmentation
globale importante du niveau des impôts, et particulièrement de la taxe
professionnelle ? Est-ce le bon moyen de favoriser l'attractivité des zones
d'activité ?
06.
Que
peuvent donc penser toutes les communes adhérant au syndicat SEMAFOR,
qui voient les plus importantes d'entre elles entrer en dissidence pour
rejoindre cette nouvelle communauté ?
07.
Quelle
est la vraisemblance
* d'un nouvel hôtel de communauté implanté à
Andrézieux-Bouthéon ?
* d'une présidence du maire de cette ville ?
* d'une entité de 100 000 habitants dont Montbrison ne
serait qu'un accessit ?
* de la nécessaire mise en commun
des moyens des communautés adhérentes, alors qu'en six ans, elles n'ont même
pas pu chacune de leur côté se doter des moyens nécessaires au plein exercice
de leurs compétences ?
* d'un conseil de communauté de quatre vingt seize
membres, alors qu'à vingt deux, la cacophonie est déjà perceptible ?
08.
Pourquoi
adopter une représentation proportionnelle à la population, qui marginalise un
peu plus les petites communes, et redonne le pouvoir aux grandes communes ?
Pourquoi ne pas retenir le principe de la représentation égalitaire ? La
représentation proportionnelle ne signifie-t-elle pas l'abandon définitif du
principe de solidarité, en complète contradiction avec le fondement de la loi ?
09.
Pourquoi
s'engager aussi vite dans un processus dont tout le monde sait qu'il est sans
retour, tellement les conditions nécessaires pour le retrait d'une commune sont
difficiles à réunir, processus nécessitant inévitablement un rattachement
artificiel et déraisonnable des communes de Forez-sud et du pays de
Saint-Galmier à la seule commune de plus de 15 000 habitants disponible, alors
qu'aucun projet fédérateur, élément préalable et indispensable à la création
d'une communauté d'agglomération, n'est ni proposé ni même élaboré ?
Cette précipitation, à l'opposé d'une démarche
réfléchie et porteuse d'avenir, ne peut permettre que la création d'une
pseudo-communauté dont les membres seront immédiatement empêtrés dans des
problèmes de rivalités internes, la paralysant durablement au détriment des
intérêts d'un département qui devient inexorablement le parent pauvre de la
région Rhône-Alpes.
10.
Le
projet de communauté d'agglomération réunissant les deux communautés de
communes de Forez-sud et du pays de Saint-Galmier, avec Montbrison et ses communes environnantes ne
pourra, pour toutes les raisons évoquées plus haut, donner naissance qu'à une
construction théorique dont personne ne pourra maîtriser les importantes
divergences historiques culturelles, géographiques et économiques.
L'utilisation abusive et tronquée de l'argument
financier peut-il suffire à répondre aux interrogations que pose l'empressement
de certains à vouloir réaliser ce projet coûte que coûte ?
11.
Plutôt que de tenter l'aventure, sans doute est-il plus opportun et
raisonnable de préparer le seul rapprochement des deux communautés de communes,
dont les complémentarités sur le plan économique et résidentiel sont évidentes,
et dont la continuité géographique est un fait indiscutable ? L'ensemble,
s'il ne peut prétendre dans un premier temps au rang de communauté
d'agglomération, bénéficiera très rapidement d'atouts essentiels : sa
taille (plus de 80 000 habitants), son homogénéité et son potentiel
intrinsèque.
De son côté, le Montbrisonnais
devrait commencer à expérimenter la véritable coopération
intercommunale, en créant sa
propre communauté de communes. L'avenir dira s'il est possible et
opportun d'aller plus loin.